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La Hagueritte

► Extrait cadastral

Retrouvez l'article original paru dans le JPM N°.36 - avril 2006.


Ce quartier était peu habité il y a 250 ans comme vous pouvez le voir sur l'extrait du vieux cadastre. Quelques maisons décimées, pratiquement aucune sur l'actuelle rue Haguerite, par contre certaines, suitées rue des Ormeteaux et Grande rue, existent encore de nos jours.

À l'époque le lieu-dit « la Hagueritte »(1) n'était comme son voisin « les Ormeteaux » qu'un ensemble d'herbages ; « les Ormeteaux» avait déjà une rue à son nom. La rue Haguerite apparaît beaucoup plus tard vers 1870, lors de l'échange d'une parcelle de terre contre la ruelle de la Motte(2) entre le Comte du Douet de Graville et la commune de Port-Mort. La pièce de terre était une partie du Domaine de la Motte(3), anciennement fief de la Motte, propriété du Comte en 1870 ; elle bordait la ruelle aux Renauls. La ruelle de la Motte ayant disparu, la rue Haguerite, nouvellement baptisée, se trouva prolongée par un chemin permettant un nouvel accès aux bords de Seine en coupant le lieudit « les Ormeteaux ». La rue des Ormeteaux, n'ayant plus utilité à rejoindre la ruelle de la Motte, fut raccourcie pour s'arrêter maintenant à la croisée de la rue Haguerite et du chemin menant à la Seine.
Les décennies qui suivirent ont vu bâtir ce quartier : les deux côtés de la rue Haguerite et la création du lotissement des Prés-de-Seine dans les terres du Courtil Bardou ; la rue des Ormeteaux restant plus modeste dans l'extension des ses habitations.

(1) L'origine du mot Hagueritte, n'est pas facile à trouver. Si on le décompose, Hague est un mot d'origine viking qui signifie enclos de taillis ou de haies et Ritte provient du patois Ritta diminutif du vieux français Riette qui signifiait « petite rue, petit chemin ».
(2) Chemin de nos jours disparu - voir extrait du vieux cadastre pour sa situation. Elle reliait la Grande rue à la Seine et se situait au niveau du virage du château.
(3) Bien que nous soyons maintenant habitués à situer le nom Delamotte (écrit en un seul mot) de l'autre côté de Port-Mort, le fief de la Motte était situé vers le château et la « rue de la Motte » était en fait le chemin qui allait en direction du Domaine de la Motte.
Le lieu-dit « la Hagueritte » est encore aujourd'hui un espace avec très peu de constructions, essentiellement constitué de terres cultivées.

Les Seigneurs de la Motte

La famille de Matignon, dont les membres ont été seigneurs du fief de la Motte, remonte à 1220, date à laquelle Étienne I Goyon, seigneur de la Roche-Goyon,épouse Luce, dame de Matignon, fille de Denys, seigneur de Matignon. Cette famille possèdera le fief de la Motte jusqu'aux années 1500 ; le dernier seigneur cité, Gui de Matignon, est décédé le 12 mars 1497.

Un de ses descendants, Jacques I-François-Léonor, né le 22 novembre 1689, seigneur de Matignon, de la Roche-Goyon, épouse le 20 octobre 1715, Louise-Hippolyte, fille d'Antoine I, prince de Monaco, née le 10 novembre 1697, et devient ainsi co-prince de Monaco (20/02/1731-29/12/1731), puis régent de Monaco (29/12/1731-07/11/1733). Il prend le nom de Grimaldi et meurt le 23 avril 1751. Qui ne connaît pas les descendants actuels de cette famille ? Comme un ouragan ?

Le fief de la Motte devient ensuite propriété de Nicolas Grimoult, escuyer, seigneur de la Motte, conseiller au parlement de Rouen, marié à Rachel de Saint-Simon le 27 juillet 1603 à Quevilly (76). Ce Grimoult, descendant d'une ancienne famille normande, était protestant. Ami fidèle d'Henri IV, il siégeait au Parlement de Normandie à Rouen et participa à la rédaction de l'Édit de Tolérance (Édit de Nantes). Un château a été construit entre 1598 et 1614 par Nicolas Grimoult dans la commune d'Acqueville dans le Calvados. Ce château se visite de Pâques à la Toussaint ; peut-être un but de flâneries...Nicolas Grimoult qui avait été démis de ses possessions fut rétabli et maintenu au titre par Henri IV lors de la promulgation de l'Édit de Nantes le 2 mai 1598.

Christian LORDI